samedi 24 novembre 2012

Vidéos des séances

Les vidéos des séances du séminaire du 1er semestre sont désormais disponibles, à l'exception momentanée de la séance avec Roger Martelli. Elles sont accessibles via le site du séminaire par le lien [vidéo] sous chaque intervention ainsi que par le site du CHSPM de l'université Paris 1

Nous remercions Les Films de l'An 2 pour leur contribution.

 

samedi 10 novembre 2012

Nouveautés sur le site du séminaire

Roger Martelli, Pour en finir avec le totalitarisme

Pourquoi abandonner le concept de « totalitarisme » ? Parce qu’il est daté, confusionniste et que, au final, il obscurcit davantage qu’il n’éclaire. C’est un terme polémique au départ : il est inventé par les adversaires du fascisme italien en 1923-1925 ; il est repris par les fascistes eux-mêmes, qui en usent pour revendiquer le parti pris étatiste et totalisant de leur projet (contrôler l’ensemble de la vie collective et individuelle par l’entremise de l’État) ; il s’élargit à la critique du stalinisme dans les années trente (au départ l’analyse « totalitariste » naît donc plutôt dans la gauche communiste écrasée par Staline). Dès les années trente, un débat international s’engage pour savoir s’il y a communauté essentielle entre le fascisme italien, le nazisme allemand et le stalinisme russe. Il y en a, affirme par exemple le prêtre antifasciste Luigi Sturzo (« trois grands États totalitaires de caractère différent, mais tous les trois à type national et fondés sur la centralité administrative et politique, sur le militarisme, sur la monopolisation de l’enseignement et sur l’économie fermée »). Il n’y en a pas, explique le philosophe et historien Hans Kohn (« La dictature du fascisme est charismatique, nationaliste et permanente ; celle du communisme est rationnelle, universaliste et transitoire »). Dès les années trente, tout est dit, sans qu’il soit à l’époque besoin de faire du totalitarisme un concept cardinal de l’analyse politique.
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Jean -Marie Vincent, La domination du travail abstrait

Le travail est-il une réalité si simple ? A première vue, il semble qu'on soit en présence d'un donné anthropologique irréductible. Les hommes ne doivent-ils pas travailler pour subsister ou pour améliorer leurs conditions de vie ? Ces évidences, toutefois, s'effritent assez vite sous les doigts lorsqu'on s'interroge sur les modalités et les finalités possibles de l'activité humaine. Il y a des sociétés qui n'ont jamais cherché à majorer leur consommation, et donc leur production. Il y a des sociétés qui attribuaient plus d'importance à des activités religieuses ou rituelles et à différentes formes de festivités qu'à la production matérielle proprement dite. Il n'est même pas certain que la production, au sens où nous l'entendons, ait toujours été une réalité palpable, distincte des autres manifestations de la vie sociale dans un nombre très important de sociétés précapitalistes.

À lire également, du même auteur, une note critique du livre de Nicos Poulantzas, État et classes sociales (Le Seuil, 1975).

mercredi 31 octobre 2012

[parution] Lucien Sève : Aliénation et émancipation


 Avec la crise profonde du capitalisme, Marx est en plein retour, et particulièrement son concept-clef d’aliénation. Dans ce recueil de textes, le philosophe Lucien Sève propose une étude précise et une réactualisation de ce concept, en prise sur les enjeux théoriques et politiques contemporains, dans la perspective de l’émancipation collective et du dépassement du capitalisme.
Cet ouvrage propose une lecture inédite de Marx en montrant, nombreux textes à l’appui, que l’idée d’aliénation, centrale dans les Manuscrits de 1844, texte de jeunesse auquel s’arrêtent la plupart des commentateurs contemporains, non seulement ne disparaît pas du Capital mais y acquiert une tout autre portée. Au-delà de la dénonciation des souffrances de l’individu au travail, elle met en examen les logiques de base du capitalisme : faute d’appropriation collective, les productions humaines de tous ordres se convertissent en puissances sociales incontrôlables et écrasantes, menant le genre humain à sa perte. Avec Marx, l’auteur montre que travailler à surmonter cette aliénation est la tâche cruciale de notre temps, qu’il ne peut y avoir émancipation sociale sans émancipation de chaque individu, qu’on ne préservera pas la planète Terre sans sauvegarder le genre humain de la déshumanisation capitaliste.
Urgence de communisme, texte inédit constituant la première moitié de l’ouvrage, affirme fortement la conséquence politique de ces analyses : le dépassement effectif du monde capitaliste aliénant exige d’inventer en pensée et en acte ce communisme radicalement émancipateur que visait Marx.


 
Table des matières

Avant-propos

Urgence de communisme (2012)
Garaudy, Althusser et l’aliénation – Splendeur et misère de l’aliénation selon les Manuscrits de 1844 – Une légende têtue: l’aliénation absente du Capital – Un concept majeur du Capital – Aliénation objective, aliénation subjective – Inventaire d’une catégorie – Une fixation rétrograde à l’aliénation selon les Manuscrits de 1844 – « Socialisme scientifique »: un bilan sévère – Réduire l’aliénation à l’exploitation ? – Socialisme et communisme ne sont pas des synonymes pour Marx – Dépassement du capitalisme et développement des individus – « Nature humaine » et transformation historique – Une gravissime crise d’humanité – Des possibles réels – Retrouver l’audace de l’invention stratégique

Analyses marxistes de l’aliénation (1973)
Une théorie feuerbachienne de l’aliénation – De l’aliénation religieuse à l’aliénation du travail – Une analyse richement suggestive – Un concept encore piégé par l’abstraction spéculative – Passer à un matérialisme historique – L’aliénation disparaît-elle du Capital ? – Quand l’activité humaine se fait «puissance étrangère» – Un «point de passage nécessaire» – Aliénation et mouvement historique d’ensemble – Vues en retour sur l’aliénation religieuse – Une catégorie centrale pour penser l’histoire – Du grand sens de l’idée d’aliénation chez Marx – En chemin vers une désaliénation

Émancipation sociale et libre développement de chacun (2000)
L’émancipation comme désaliénation – Formation sociale et formes d’individualité – L’obligatoire émergence historique de l’individu intégral – L’émancipation individuelle, fin et moyen au présent

Cause écologique et cause anthropologique (2011)
«Écolo», tout le monde sait, mais «anthropolo», c’est quoi?... – Penser l’actuelle mise en péril du genre humain – Une décivilisation sans rivage – L’indignation, prémisse d’une juste politique –

Karl Marx, 82 textes du Capital sur l’aliénation


dimanche 14 octobre 2012

[Parution] Karl Korsch, Marxisme et philosophie (nouvelle traduction)



« Ainsi les hommes se sont-ils appliqués de manière pratique à la réalité effective. Si concrète que soit la liberté en elle-même, elle n'en a pas moins été appliquée sous forme non développée, dans son abstraction, à la réalité effective, cela veut dire la détruire. Le fanatisme de la liberté, une fois aux mains du peuple, devient terrible. En Allemagne, le même principe a retenu l'intérêt de la conscience ; mais il a été développé de manière théorique. Nous avons, nous, la tête assaillie et envahie par toutes sortes de bruits, mais la tête allemande préfère garder tranquillement son bonnet de nuit, et opère à l'intérieur d'elle-même. »
Karl Korsch, Marxisme et philosophie (nouvelle*) traduction de l'allemand par Baptiste Dericquebourg, Guillaume Fondu et Jean Quétier. Paris, Allia, 2012.

*Une première traduction française due à Claude Orsini a paru aux Éditions de Minuit en 1964 dans la collection « Arguments ».

[Parutions] Collectif, « Autour d'Althusser : pour un matérialisme aléatoire » & Althusser, « Cours sur Rousseau (1972) »


Autour d’Althusser. Pour un matérialisme aléatoire : problèmes et perspectives
Ouvrage Collectif
Essai - Philosophie - Matière à Pensées
ISBN : 9782841099306 - 200 pages - Format : 140 x 210
Paru le 11-09-2012 - Disponible
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Étienne Balibar, Olivier Bloch, Jean-Claude Bourdin, Isabelle Garo, Alain Gigandet, Pascale Gillot, Annie Ibrahim, Irène Pereira et André Tosel se penchent dans cet ouvrage sur les problèmes et les perspectives induites par le matérialisme althussérien. “Jamais un coup de dés n’abolira le hasard”. Althusser fait un bref commentaire de cette célèbre sentence mallarméenne dans un texte de 1982 – Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre. Il y conclut que l’histoire n’est que la révocation permanente du fait accompli par le “fait à accomplir” sans qu’on sache à l’avance ni jamais, ni où, ni comment. Affaire de jeu de dés à jeter sur la table vide… Ainsi est déterminée une position en philosophie et en politique, assiette inédite qui en appelle à l’aléatoire et se donne comme un “chantier” ouvert à nos explorations. De fait, les catégories du sujet, de l’aliénation, de la dialectique, de l’idéologie, sont bradées ou ébranlées au profit du processus hasardeux et de la vicissitude des formes. Pourtant, ni le primat de la lutte des classes ni la thèse de la matérialité objective du monde ne sont sacrifiés au nouvel horizon de la conjoncture. Il se peut qu’il y ait deux voies du matérialisme, aussi légitimes l’une que l’autre – matérialisme de la nécessité et matérialisme de la rencontre. Gageons que ce dernier puisse faire que les éléments vivants d’un ensemble politique “s’accrochent” entre eux et au tout de telle sorte que ce qui est vrai en théorie le soit aussi en pratique.


 




























Ces cours d’Althusser sur le Discours sur l’origine de l’inégalité ont été prononcés en 1972 à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm dans le cadre de la préparation à l’agrégation de philosophie. Althusser avait déjà abordé ce texte en 1956 et en 1966 ; les tapuscrits de ces cours ont été publiés par François Matheron (Seuil, 2006), mais celui de 1972 a été perdu. Or ce cours avait été enregistré par Yves Vargas, alors étudiant, qui avait obtenu l’autorisation d’Althusser. Afin que ce cours ne soit pas perdu, il a confié son enregistrement à la Fondation Gabriel Péri pour une édition sonore et au Temps des cerises pour une reproduction écrite absolument fidèle.
Ce cours de 1972 est intéressant à double titre : il a engendré une génération nouvelle de rousseauistes, attentifs non seulement aux idées de Rousseau mais aussi à ses concepts enfouis sous des métaphores, sous de personnages, sous des situations romanesques. Une nouvelle façon d’aborder la rigueur théorique de Rousseau au-dessous de ses apparentes rêveries et élans sentimentaux a été ainsi mise en œuvre.
En second lieu, on découvre à présent que les thèses du « dernier Althusser » sur le matérialisme aléatoire, sur la nécessité de rompre avec le déterminisme strict des théories de l’histoire afin d’apporter une philosophie « pour » Marx, était en chantier bien avant 1985, dans cette lecture de Rousseau treize ans auparavant, qui introduit sous le texte rousseauiste les notions de vide, d’accident, de nécessité après-coup…
Dans sa préface, Yves Vargas se propose d’aider les lecteurs non familiers avec Rousseau ou Althusser en proposant une description du texte (plan, idées principales, etc.).


jeudi 6 septembre 2012

Programme 2012-2013

Le programme du séminaire pour 2012-2013 est dorénavant en ligne sur le site du séminaire et ci-dessous.


PROGRAMME DU SÉMINAIRE ‘MARX AU XXIe SIÈCLE’
pour l’ année 2012-2013
* PREMIER SEMESTRE
samedi 29 septembre 2012 :
Jean-Numa DUCANGE

Maître de conférences en Histoire moderne à l’Université de Rouen

Quelle histoire du marxisme ? Réflexions sur la réception politique et théorique de Marx aux XIXe-XXe siècles
samedi 6 octobre 2012 :
Jean VIGREUX
Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne

La faucille après le marteau. Le communisme aux champs dans l’entre-deux-guerres
samedi 13 octobre 2012 :
Lucien SÈVE
Philosophe

L’aliénation, concept majeur du Capital
samedi 20 octobre 2012 :
Deniz UZTOPAL

Docteur en histoire

Isabelle GOUARNÉ
Post-doctorante au Centre Alexandre-Koyré (CNRS / EHESS / Muséum d’Histoire naturelle)
Les scientifiques marxistes français après la seconde Guerre mondiale
samedi 27 octobre 2012 :
Enrique DUSSEL

Professeur d’Éthique et de Philosophie politique à l’Université de México (UNAM)

Titre à préciser
samedi 3 novembre 2012 :Roger MARTELLI
Historien, professeur au Lycée Édouard-Branly (Nogent-sur-Marne)

Faut-il se débarrasser du concept de totalitarisme ?
samedi 10 novembre 2012 :Samir AMIN
Professeur agrégé en Sciences économiques aux Universités de Paris, Dakar, Le Caire,
Président du Forum Mondial des Alternatives

L’Implosion du système de la mondialisation néolibérale
samedi 17 novembre 2012 :Fayçal TOUATI
Chargé de cours au département de Philosophie de l’Université de Toulouse 2 - Le Mirail

Hegel et la Terreur. Une lecture marxiste
samedi 24 novembre 2012 :
Mylène GAULARD

Maître de conférences en Économie à l’Université de Grenoble 2, Centre de recherche en Économie due Grenoble (CREG)

Les dangers de la sur-accumulation en Chine : une analyse marxiste
samedi 1er décembre 2012 :
Peter DRUCKER
Fellow, International Institute for Research and Education

Trois phases de l’économie politique impérialiste et leurs conséquences pour les formations socio-sexuelles européennes

* DEUXIÈME SEMESTRE
samedi 12 janvier 2013 :
Patrick TORT
Directeur de l’Institut Charles Darwin International

Darwinisme et marxisme
samedi 19 janvier 2013 :
Michael CHRISTOFFERSON
Professeur associé au Département d’Histoire d’Adelphi University (New York)

Supplément aux Intellectuels contre la gauche (trad. fr. : Agone, 2009) : Penser la biographie de François Furet
samedi 26 janvier 2013 :
Isabelle GARO
Professeur en Classes préparatoires au Lycée Chaptal (Paris)

Marx et l’art
samedi 2 février 2013 :
Michel HUSSON
Économiste à l’Institut de Recherches Économiques et Sociales (IRES)
Claude SERFATI,
Chercheur associé à l’Institut de Recherches Économiques et Sociales (IRES)
Le monde capitaliste en crise :
1. l’Europe – 2. les grands groupes capitalistes
samedi 9 février 2013 :
Annie COLLOVALD
Professeur de sociologie à l’Université de Nantes, directrice du Centre nantais de sociologie (CENS)

Populisme, fascisme, extrême-droite ? Sur l’interprétation des liens entre le Front national et les classes populaires
samedi 16 février 2013 :
Michel PINÇON et Monique PINÇON-CHARLOT
Sociologues, directeurs de recherche honoraires au CNRS

Le Marxisme discrédité dans l’actuelle guerre idéologique : mais jusqu’à quand ?
samedi 23 février 2013 :
Hervé TOUBOUL
Maître de conférences en Philosophie à l’Université de Besançon

Derrida, lecteur de Marx
samedi 2 mars 2013 :
Stéphanie ROZA
Professeure agrégée de philosophie, ATER à l’Université Paris 1

Utopie et Révolution : la figure de Gracchus Babeuf
samedi 9 mars 2013 :
François JARRIGE et Xavier VIGNA
Maîtres de conférence en Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne

E. P. Thompson, le marxisme et l’écriture de l’histoire ouvrière
samedi 16 mars 2013 :
Hocine BELALLOUFI
Journaliste, écrivain

La recomposition de l’ordre impérialiste dans le monde arabe
samedi 23 mars 2013 :
Journée d’Étude sur Antonio Gramsci

lundi 27 février 2012

Les cahiers de l'émancipation

Clairement ancrés dans la gauche radicale, les Cahiers de l’émancipation ont pour vocation d’établir des liens entre les diversités des générations et des expériences et en extraire les germes des lendemains possibles.
Dernier titre paru : Pour une école émancipatrice



mercredi 22 février 2012

[Parution] Anton Pannekoek | Darwinisme et marxisme

[Présentation de l'éditeur]

Au cours de l'année 1909, l'astronome et astrophysicien révolutionnaire hollandais Anton Pannekoek (1873-1960), à l'occasion du centenaire de la naissance de Charles Darwin (1809-1882), publie un essai intitulé Darwinisme et Marxisme.
Ce spécialiste reconnu des révolutions cosmiques y interroge la plus grande révolution biologique du XIXe siècle pour tester sa relation possible avec la révolution politique placée par Marx à l'horizon du processus historique. Ce faisant, il affronte un héritage : celui d'une intuition critique de Marx, inscrite dans une lettre à Engels du 18 juin 1862, selon laquelle, en dépit de l'intérêt manifeste qu'offre chez lui un matérialisme naturaliste apte à servir de socle au matérialisme historique, Darwin n'aurait fait en définitive que projeter sur la nature le schéma social de lutte concurrentielle qu'il avait emprunté à Malthus -, ce qui pouvait lui permettre en retour de naturaliser ad aeternum la structure même de la société capitaliste.
Les positions anti-malthusiennes exprimées par Darwin en 1871 dans La Filiation de l'Homme donneront tort à Marx, qui a cédé trop tôt au devoir militant de combattre certains « darwinistes bourgeois », et qui ne pouvait en tout état de cause avoir lu en 1862 l'ouvrage au sein duquel Darwin allait exposer ouvertement sa théorie du dépérissement de la sélection éliminatoire au profit des conduites bienfaisantes, coopératives et altruistes dont s'accompagne l'extension indéfinie du processus de civilisation.
Pannekoek, lui, a lu La Filiation. Comme il a lu, à l'opposé, Spencer, véritable inventeur de ce que l'on nommera plus tard, malencontreusement, le « darwinisme social ». Il en résulte l'idée que Darwin et les « darwinistes sociaux », ce n'est pas la même chose. Et que darwinisme et marxisme ne sont plus incompatibles, mais, effectivement, complémentaires, à condition de pouvoir penser, entre l'histoire de la nature et l'histoire des sociétés, le recouvrement partiel des échelles temporelles et la combinaison connexe des tendances évolutives.
Au cœur de cette problématique fondamentale, Patrick Tort, explique, dans son introduction et ses commentaires intercalés, l'intérêt, les enjeux et les limites du travail effectué par Pannekoek autour de ces questions majeures de la pensée contemporaine, et propose des clés pour mieux les comprendre.

 Anton Pannekoek, Darwinisme et marxisme ; traduit par H. de Ponthière & G. Voets, présenté et commenté par P. Tort. Paris : Arkhè, 2012. 247 p.

samedi 18 février 2012

samedi 25 février 2012 | Razmig KEUCHEYAN, Penser la crise avec Gramsci


[Parution] A. Gramsci | Guerre de mouvement et guerre de position


[Présentation de l’éditeur]

Gramsci en France : une série de contresens. Non, Gramsci n’est pas le « classique » qu’ont instrumentalisé les héritiers italiens et français du marxisme de caserne. Il n’est pas non plus, sur le bord opposé, une pure icône du postmodernisme, limité au rôle de père des subaltern et autres cultural studies. On ne peut pas le réduire aux concepts « gramsciens » toujours cités, toujours les mêmes – hégémonie, intellectuel organique, bloc historique, etc. Il faut dire que Gramsci, si prestigieux qu’il soit, reste difficile à classer, et pas si facile à comprendre : les Cahiers de prison ne sont pas un livre, ce sont des notes rédigées dans les pires conditions, et il est remarquable que cet ensemble qui s’étale sur plus de cinq ans ait tant de cohérence dans sa circularité.
Dans le choix et la présentation des textes, ce livre a pour but de faire comprendre l’actualité de Gramsci, son importance dans la réflexion stratégique, dans la compréhension des crises du capitalisme, dans l’adaptation du marxisme à la crise du mouvement ouvrier et aux luttes anticoloniales, antiracistes, féministes et écologiques.
On y trouvera les raisons qui font aujourd’hui de l’œuvre de Gramsci un outil révolutionnaire essentiel, de l’Argentine à l’Allemagne en passant par l’Inde et l’Angleterre. Pour la France, il était grand temps.

Antonio Gramsci, Guerre de mouvement et guerre de position. Textes choisis et présentés par Razmig Keucheyan. Paris : La Fabrique, 2012

lundi 13 février 2012

Consignes pour un communisme du XXIe siècle

Écoutez La vignette d'Aude Lavigne
 France Culture, lundi 13 février 2012 
consacrée à cet objet poétique &t politique

Le premier livre qui tourne à gauche
Les modes d'emploi mal traduits ont une vraie force poétique, qui déconnecte les usages et les buts et rend leur mystère aux objets les plus simples. Ce petit recueil est une compilation de mode d'emplois imaginaires destinés à des objets improbables et inutilisables, mélangeant une ascendance vaguement soviétique à des technologies plus récentes, le tout sur horizon politique. Ce livre se veut lui-même un tel objet, étrange et peu praticable, à la fois simple et complexe, puisqu'il ne se feuillette qu'en le tournant à chaque page d'un quart de tour vers la gauche.
Ni canular, ni poésie désincarnée, il s'agit de parler du communisme en confrontant quelques-uns de ses vestiges, de ses échecs et de ses ambitions à nos propres interrogations et à l'envie persistante de construire, d'organiser et de rêver, de révolutionner.
À mi-chemin entre les Shadocks et El Lissitsky, le travail graphique d'Elena Vieillard, bien plus qu'une illustration, est indissociable du texte tant il incarne et donne sa force à ce petit livre-objet à manipuler et à rêvasser, en mouvement perpétuel. Vers la gauche.

Les auteures
Isabelle Garo, philosophe, enseigne la philosophie au Lycée Chaptal (Paris).
Elena Vieillard, membre du collectif de graphistes Le Grand Atelier, est graphiste et illustratrice.


vendredi 10 février 2012

[Parution] J.-N. Ducange, La Révolution française et la social-démocratie

Marx voulait écrire une histoire de la Révolution française ; faute d’avoir mené à terme ce projet, ses héritiers politiques des social-démocraties allemande et autrichienne entendent fixer leur lecture de la Révolution française en publiant à partir du centenaire de 1889 ouvrages, articles et brochures. Ces écrits vont servir de fondement à une tradition d’interprétation de la « Grande Révolution » de 1789, enseignée et transmise au travers d’un impressionnant dispositif de formation et de diffusion depuis les conférences orales jusqu’aux almanachs et agendas ouvriers. Étudiée ici grâce à l’exploitation de fonds d’archives peu connus, cette tradition qui tend à fixer une vulgate auprès d’un large milieu militant se heurte aux évolutions des social-démocraties et aux remises en cause des certitudes acquises qu’impliquent la révision du marxisme, l’émergence du socialisme jaurésien et son interprétation de la Révolution française puis surtout le surgissement des révolutions à l’Est de l’Europe en 1905 et 1917 qui, tout comme le contexte allemand de 1918-1919, stimulent de multiples analogies et une réexploration approfondie de l’histoire de la Révolution française.
De l’orthodoxie du « pape du marxisme » Karl Kautsky à l’universitaire proche de la social-démocratie Hedwig Hintze introduisant pendant la République de Weimar les œuvres d’historiens français en Allemagne, ce sont plusieurs décennies de débats et confrontations qui sont étudiées ici. Tout en ouvrant des perspectives pour mieux comprendre les singularités des social-démocraties des pays germaniques, l’ouvrage permet d’éclairer d’un regard nouveau les classiques de l’historiographie révolutionnaire que sont les œuvres de Jean Jaurès ou Albert Mathiez, plaidant pour une histoire croisée et transnationale des usages de l’histoire.

dimanche 22 janvier 2012

Programme et fil rouge

Le programme du second semestre est en ligne sur la page d’accueil du site internet du séminaire avec le renvoi sur les affiches correspondantes à chacune des séances. La séance « spéciale » du 17 février (seconde journée du colloque La réalisation de la philosophie à l’époque du Vormärz (1815-1848) en Allemagne), aura une affiche spéciale doublée d’un programme qui seront bientôt mis en ligne.
Signalons d’autre part la création d’un compte Twitter pour le séminaire (@marxau21) qui informera des parutions sur le blog et le site du séminaire. N’hésitez donc pas à vous abonner à ce filo condutorre rosso…

mardi 17 janvier 2012

I. Garo | Marx et l'invention historique




La notion d’invention n’est pas un concept central chez Marx. Elle permet pourtant d’analyser deux processus, à la fois distincts et indissociables, qui donnent à son œuvre son originalité : l’invention historique et l’invention théorique. En effet, on a encore trop tendance à voir en Marx un penseur déterministe, pour qui l’histoire se déduirait et ne serait que la réalisation d’un programme. Plus gravement encore, on lui impute un économisme, qui relierait de façon rigide des strates sociales et qui donnerait à la base économique de cet édifice le pouvoir d’en conditionner de façon unilatérale les étages supérieurs ainsi que les étapes successives. Contre ces stéréotypes, il faut souligner que Marx place la politique et les formes collectives d’innovation et d’invention qui lui appartiennent, au cœur du processus historique. C’est donc la dimension proprement politique de son analyse qu’il s’agit de mettre en évidence, à travers sa réflexion continue sur les formes d’organisation, de transition et de médiation politiques.


Mais la question de l’invention concerne aussi les procédés de l’analyse théorique, profondément modifiés par une telle conception du cours historique. En effet, la place neuve que Marx confère à l’intervention politique le conduit à forger un arsenal de concepts novateurs et une conception sans précédent du rapport entre théorie et pratique. C’est l’ouverture fondamentale du cours de l’histoire sur un devenir à la fois déterminé et non pré-écrit, précisément parce qu’il inclut les luttes sociales et politiques en cours qui se réfractent, au sein de l’élaboration théorique, sous la forme d’une saisie dialectique du réel, attentive à ses transformations permanentes mais aussi à la nature d’intervention de la critique révolutionnaire du capitalisme.

[sur le site du séminaire]