vendredi 28 novembre 2008

Karl Marx & Friedrich Engels, Textes et correspondance autour de la Commune


Dès avant la guerre franco-allemande de 1870, Marx et Engels échangent toute une correspondance sur les événements d’Europe, qui se poursuit pendant les combats, le siège de Paris et la Commune. Ce livre présente ces lettres peu connues, avec les textes célèbres autour de la Commune, dont l’Adresse à l’Internationale du 30 mai 1871, souvent appelée La Guerre civile en France. Cet ensemble poursuit le travail de Marx entrepris vingt ans plus tôt avec Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte et Les Luttes de classes en France. On voit s’y élaborer les thèmes de l’État moderne, des guerres nationales, du bonapartisme, de la république, de la démocratie, de la transfiguration des classes sociales dans leur représentation politique. L’impératif de solidarité envers les insurgés parisiens n’interdit jamais la lucidité et la critique devant l’écheveau de contradictions, les hésitations ou les inconséquences des acteurs, la tragédie du trop tôt ou trop tard.
Que Marx soit autre chose qu’un théoricien de l’économie, que chez lui « l’action politique ne se réduit jamais à la plate traduction d’une logique historique », c’est le sujet principal du texte de Daniel Bensaïd, Politiques de Marx. À l’opposé d’un Marx figé dans le déterminisme, ce qui se passe dans ces textes, ce n’est « pas une mécanique du progrès, ni l’accomplissement d’un destin, mais une histoire où l’événement, les individus, les caractères ont toute leur place, où le possible n’est pas moins réel que le réel (…) Une histoire profane, sans prédestination divine ni garantie scientifique. Une histoire stratégique, qui se joue dans le conflit, aux points de bifurcation ». Un passionnant dossier sur la Commune, qui « a anticipé en actes sur le possible et l’impossible, de sorte que même ses projets et décisions inapplicables gardent un sens profond ».

mercredi 26 novembre 2008

Programme du séminaire 2009 de la Grande édition Marx-Engels

Dans la continuité de la journée d'étude du 28 mai 2008 sur les traductions et diffusions des œuvres de Marx et Engels, ce séminaire de la Grande édition Marx Engels (GEME), en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri, l'Université de Bourgogne et l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, propose de poursuivre au travers de plusieurs séances des approches croisées d'historiens et philosophes.

L'histoire des usages et de la réception constitue le premier axe de ce séminaire qui présentera des recherches nouvelles sur l'histoire des éditeurs français de Marx et Engels à la fin du XIXe siècle. La confrontation avec les théoriciens et les acteurs de leur temps (Feuerbach) et les grandes secousses du siècle (les révolutions de 1848) constituent un autre angle d'étude qui intégrera les renouvellements historiographiques en cours. Enfin, la dernière séance offrira une ouverture sur l'international avec l'histoire de la réception méconnue du marxisme dans le socialisme espagnol avant 1914. Lors de cette séance seront présentés des textes inédits de Marx sur l'Espagne du XIXe siècle que l'édition en langue originale, la MEGA, vient d'établir. Programme 2009 du séminaire au format PDF (affiche A3)

lundi 24 novembre 2008

« La longue patience du peuple : adresse au lecteur » par Sophie Wahnich


Diderot dans Jacques le fataliste interpelle régulièrement son lecteur pour le louer, le moquer ou lui expliquer son projet littéraire. Il répond à ses questions supposées, à ses désirs contrariés, à ses a priori imaginés. Le maître et le lecteur sont alors logés à la même enseigne et lorsque Diderot décrit le maître questionnant Jacques, il décrit son lecteur imaginaire. « Il était homme - homme passionné comme vous lecteur, homme curieux comme vous lecteur ; homme questionneur comme vous lecteur ; homme importun comme vous lecteur.- Et pourquoi questionnait-il ? - Belle question ! Il questionnait pour apprendre et pour redire comme vous lecteur... » (Lire la suite…)

samedi 22 novembre 2008

« 1789 ou les fictions contradictoires de l’universel » par Emmanuel Barot

Dans la Critique du droit politique hégélien (1843), Marx présente la démocratie comme le couronnement de l’histoire politique, entendue comme histoire de la liberté : la démocratie est le moment historique où le sujet-demos s’objective et s’accomplit, où l’homme comme être générique (demos) parvient à l’État par son objectivation constitutionnelle. Plus encore, l’avènement de la démocratie est exactement l’avènement de la politique contre les règnes de l’usurpation : c’est « l’énigme résolue de toutes les constitutions » , la temporalité du processus étant pour Marx celle d’une création continuée, coïncidence en permanence à conquérir entre le « sujet » et son œuvre. La révolution juridique de mai-juin 1789 semble stricto sensu incarner cette « auto-constitution » « continuée » du peuple comme sujet. (Lire la suite…)

jeudi 20 novembre 2008

« Marx, le marxisme et les historiens de la Révolution française au XXe siècle » par Julien Louvrier

L'auteur adopte une démarche résolument diachronique. Partant des analyses de Marx lui-même sur la Révolution française, il montre combien les écrits de Marx, souvent associé à Engels sur la question, sont toujours précisément contextualisés et liés à la recherche de compréhension du moment présent. C'est l’Histoire socialiste de Jean Jaurès qui, la première, donne une lecture globale des événements révolutionnaires qui prend appui sur la grille d'interprétation proposée par Marx. Une forme de banalisation de cette lecture se fait ensuite à travers le développement de l'histoire économique et sociale par des historiens qui, sans lire beaucoup Marx, gardent de sa pensée l'idée de l'importance déterminante des réalités économiques. Dans le contexte de la Guerre froide, cette interprétation « sociale » de la Révolution est vigoureusement attaquée et condamnée comme expression d'un marxisme réducteur. La remise en cause débouche sur des lectures qui privilégient le politique, mais s'ouvrent à nouveau depuis quelques années à des recherches qui posent la question des appartenances sociales. (Lire la suite)

mardi 18 novembre 2008

« Histoire et engagement : avec Claude Mazauric »

Cahiers d’histoire : revue d’histoire critique.
2008, n° 104, 224 p.


Dossier

Histoire et engagement : avec Claude Mazauric. Entretiens avec Julien Louvrier (lire l’article de Pascal Dupuy dans L’Humanité du 9 septembre 2008)

Débats
Essor et déclin du paradigme marxiste/nationaliste de gauche dans le Moyen-Orient arabe, Joël Beinin, Université de Stanford, Université américaine du Caire

Un certain regard
Apocalyto de Mel Gibson (D. Monciaud) ; Raison d’État de Robert de Niro (D. Monciaud)

Livres lus
L’histoire (du Moyen-Âge) est un sport de combat... de Joseph Morsel avec la collaboration de Christine Ducourtieux (A. Destemberg) ; Aristote au Mont Saint-Michel de Sylvain Gougenheim (B. Dufal) ; 1907, les mutins de la République. La révolte du Midi viticole de Rémy Pech, Jules Maurin (R. Huard) ; La cité du sang. Les bouchers de La Villette contre Dreyfus d’Éric Fournier (V. Chambarlhac) ; Réviser le marxisme ? D’Édouard Bernstein à Albert Thomas, 1896-1914, d’Emmanuel Jousse (V. Chambarlhac) ; Réformer l’islam ? Une introduction aux débats contemporains d’Abdou Filali-Ansary (D. Monciaud) ; Dictionnaire de la colonisation française sous la dir. Claude Liauzu (S. Jahan)
(Pour s’abonner)

lundi 17 novembre 2008

« La mondialisation capitaliste & sa philosophie en France » par André Tosel


Comment comprendre la mondialisation qui est désormais le référent de toute pensée responsable? S'agit-il d'un événement sans précédent qui contraint à repenser l'espace et le temps de l'action humaine et la construction de notre monde ? Est-elle plutôt une nouvelle période dans l'histoire de l'économie-monde régi par le mode de production capitaliste qui se reproduit ainsi selon son impératif systémique, mais sous des formes nouvelles ? Quelles sont ces formes économiques, sociales, politiques, culturelles ? Comment penser le rapport entre l'hégémonie exercée par la direction stratégique des entreprises transnationales et les réformes du procès de travail par la nouvelle technologie sociale des communications ? Quelles sont les conséquences de la financiarisation d'une économie qui fait de la force de travail internationalisée non pas tant un salariat qu'un précariat ? Que faire de la production d'un apartheid mondial qui transforme des masses d'hommes en humanité superflue ? (Lire la suite)


André Tosel, Un monde en abîme : essai sur la mondialisation capitaliste. Paris : Kimé, 2008.- 346 p.

samedi 15 novembre 2008

« La conception marxiste de l’histoire » par Eric J. Hobsbawn

Cent ans après la mort de Marx, nous sommes réunis ici pour discuter des thèmes et des problèmes relatifs à la conception marxiste de l'histoire. Ce n'est pas un rituel de célébration d'un centenaire, mais il est important de commencer en nous rappelant le rôle unique de Marx dans le domaine de l'historiographie. Je le ferai simplement, à l'aide de trois exemples. Le premier est autobiographique.
Dans les années 1930, lorsque j'étais étudiant à Cambridge, nombre de jeunes hommes et femmes, parmi les plus doués, rejoignirent le parti communiste. C'était une époque très brillante pour cette université qui ne l'est pas moins, et beaucoup d'entre eux furent profondément influencés par les grands noms dont nous recueillions l'enseignement. Une plaisanterie avait cours parmi les jeunes communistes : les philosophes communistes étaient wittgensteiniens, les économistes communistes étaient keynésiens, les étudiants communistes en littérature étaient disciples de F. R. Leavis. Et les historiens ? (Lire la suite)

jeudi 13 novembre 2008

Hal Draper : « Les deux âmes du socialisme. Quel socialisme pour le 21e siècle ? »

En 1966, lorsque Hal Draper met la main à la dernière version de son essai, le monde paraît divisé en deux blocs, l'un capitaliste, l'autre « socialiste » ou, selon l'auteur, « collectiviste bureaucratique ». Pourtant, 68 n'est pas loin. Le mouvement étudiant américain vient de connaître sa première épreuve de force d'envergure, à Berkeley, en 1964, avec le {Free Speech Movement} et se mobilise contre la guerre du Vietnam. Le socialisme fait à nouveau l'objet de discussions passionnées, interpellé par les luttes de libération du tiers-monde, et, aux États-Unis par l'émergence radicale du mouvement pour les droits civiques des Noirs. Enfin, le nouveau mouvement des femmes pointe le nez, pleinement en
phase avec cette nouvelle radicalité. Pour Hal Draper, le moment est venu de faire connaître largement sa conception du socialisme. Pour cela, il propose une généalogie du socialisme moderne à partir de deux filiations opposées : le socialisme « par en haut » et le socialisme « par en bas ». Il se situe sans ambiguïté dans la seconde tradition. Aujourd'hui, une nouvelle génération se lève pour contester radicalement la logique inhumaine du capitalisme mondialisé, au nom d'un autre monde est possible. Le socialisme par en bas de Draper peut il encore lui servir de référent ? Nous avons demandé à plusieurs intellectuels engagés dans les mobilisations de ces dernières années de reprendre Les deux âmes du socialisme et d'en proposer une lecture critique. Ce livre, inédit en français, devrait intéresser celles et ceux pour qui le socialisme représente encore un espoir au 21e siècle, mais qui ressentent le besoin de débattre des échecs et de ses reniements qui jalonnent son histoire.
L'essai de Draper vise en particulier à mettre en valeur l'héritage auto-émancipateur du socialisme, qu'il oppose à ses traditions autoritaires. Il devrait donc toucher tout particulièrement les nouvelles générations militantes, qui portent aujourd'hui le mouvement contre la mondialisation libérale, lui inspirent sa radicalité, ses structures participatives et ses formes de mobilisation, en recourant notamment à l'action directe non violente.

Hal Draper, Les deux âmes du socialisme. Quel socialisme pour le 21e siècle ? Edition présentée par Jean Batou. Commentaires de Michael Albert, Alain Bihr, Diane Lamoureux, Catherine Samary & Murray Smith. Paris : Syllepse, 2008.- (« Utopie critique »)

mercredi 12 novembre 2008

Remise du prix de l'Union rationaliste 2008

Université Paris 1-Panthéon Sorbonne
Amphithéâtre Turgot

L’Union rationaliste
& le Centre d’histoire des systèmes de pensée moderne (CHSPM)

vous invitent à la remise du prix de l’Union rationaliste qui honorera

Lucien Sève
Philosophe, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique

Le mardi 18 novembre 2008 à 18 heures


Interviendront

Hélène Langevin-Joliot, Présidente de l’Union rationaliste

Axel Kahn, Président de l’Université Paris-V René Descartes, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique

Isabelle Garo, philosophe, Présidente de l’association pour la « Grande édition des œuvres de Marx et d’Engels en français »

Lucien Sève

Entrée : 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris

Union rationaliste, 14 rue de l’Ecole Polytechnique, 75005 Paris
tél. 01 46 33 03 50 | courriel : union.rationaliste@wanadoo.fr


lundi 10 novembre 2008

« La parabole de la gauche : la fin de l’utopie ? » par Luciano Canfora

On peut viser la République de Platon, mais aboutir au gouvernement des « Trente ». Le jour venu, cependant, les êtres humains de chair et d’os se libèrent, prononçant sur eux un verdict sans appel. Ce qui fait le désespoir des réformateurs sociaux, y compris des plus radicaux, à savoir les révolutionnaires, c’est que la réalité humaine concrète ne soit pas réductible à leur analyse, que les sujets concrets soient plus ou moins réfractaires aux « expériences » tentées sur leur dos. Il existe à ce propos toute une littérature de la désillusion, quand elle ne succombe pas au cynisme – l’exemple le plus célèbre étant peut-être la comédie d’Aristophane, L’Assemblée des femmes. Par ailleurs, prendre acte, clairement et irrévocablement, de cette irréductibilité nourrit un immobilisme désespérant. (Lire la suite)

Parmi les ouvrages de Luciano Canfora traduits en français dont les thèmes se rapportent à son intervention à la séance du séminaire du 15 novembre 2008 , signalons notamment :




vendredi 7 novembre 2008

Des contradictions des sociétés dites socialistes aux débats sur d’autres « modèles » par Catherine Samary

Le statut autogestionnaire, reconnaissant à chaque être humain des droits et revenus de base associés à une appropriation collective des grands moyens de production est au cœur d’une remise en cause du rapport salarial. Celui-ci doit être aboli en tant que rapport de domination, qu’il se situe dans le cadre du capitalisme ou d’un État se proclamant socialiste. Mais cela ne signifie ni la fin des revenus monétaires, ni la rigidité des emplois ; encore moins la remise en cause d’une mutualisation des risques et des droits que le salariat a conquis, de façon précaire, contre le capitalisme et que le socialisme peut garantir. (Lire la suite)

À lire : Stathis Kouvélakis (dir.), Y a-t-il une vie après le capitalisme ? Pantin : Le temps des cerises, 2008.– 308 p.

mercredi 5 novembre 2008

Annonce de séminaire

ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES

Histoire de la pensée allemande
(XIX- XXe siècles)

Directeur d’études : Nicolas Tertulian


Les fondements ontologiques
de l’éthique & de l’esthétique



Les séances ont lieu les 2e et 4e lundis du mois à 17 h
(54, boulevard Raspail, Paris VIe, salle 507)


Les trois premières séances
(10 novembre, 24 novembre et 8 décembre 2008) porteront sur :
« Les ontologies de Heidegger et de Lukács : une confrontation »
(Nicolas Tertulian)

Lundi 12 janvier 2009 : « La catégorie du particulier
dans la pensée de Lukács »
(Pierre Rusch)

Lundi 26 janvier 2009 : « La pensée ontologique et esthétique
de Roman Ingarden »
(Edward Swiderski [Fribourg, Suisse])

affiche du séminaire


samedi 1 novembre 2008

Débat sur « Le Capital » de Marx par Antoine Artous et Tran Hai Hac

Il peut paraître fastidieux, répétitif de vouloir aujourd’hui relire Le Capital de Marx, une des œuvres les plus commentées depuis plus d’un siècle. Mais il faut bien voir que l’affaire n’a rien d’académique et qu’autour des interprétations du Capital se jouent beaucoup de choses, et plus précisément l’analyse du capitalisme et le statut de la critique de l’économie politique. Les défenseurs de l’ordre capitaliste existant ont essayé de rabattre l’œuvre marxienne vers une théorie économique au sens le plus habituel du terme, suivi en cela par beaucoup de marxistes qui ont ainsi enlevé à Marx une grande partie de sa charge théorique subversive et des aperçus nouveaux qu’il donne sur le travail intellectuel. C’est pourquoi, il faut poursuivre avec attention, les tentatives actuelles de dépoussiérage de la critique de l’économie politique effectuées ces derniers temps… (Lire la suite)