jeudi 18 décembre 2008

« Lire les “Manuscrits de 1844” » par E. Renault


Les Manuscrits de 1844 sont l'un des textes les plus célèbres de Marx, à juste titre puisqu'un certain nombre de thèmes fondamentaux y trouvent leurs formulations philosophiques classiques. Ces manuscrits font en outre l'objet d'un regain d'intérêt dont témoignent plusieurs traductions récentes et le renouveau des discussions sur la conception marxienne de l'aliénation. Mais leur importance et leur actualité sont en proportion directe d'une opacité due notamment à la diversité de leurs enjeux (de la critique de la philosophie à celle de l'économie politique) et à la multiplicité de leurs interlocuteurs (des jeunes hégéliens aux socialistes et aux communistes français).

E. Renault (dir.), Lire les « Manuscrits de 1844 ». Paris : PUF, 2008.

lundi 15 décembre 2008

« Vaincre la nouvelle pauvreté : défi démocratique du XXIe siècle » par Catherine Samary


Parmi de multiples angles d’approche possibles, la crise structurelle de la mondialisation incite à prendre la « nouvelle pauvreté » comme fil conducteur d’une réflexion sur la démocratie au XXIe siècle. Parce que prendre le point de vue des plus déshérités de cette planète, en tant que réalité « moderne », met en lumière l’ampleur, la profondeur du déni de démocratie que représente, en son essence, l’ordre productif capitaliste globalisé. On le soulignera ici dans ses dimensions socio-économiques, politiques et idéologiques, pour mettre en évidence l’émergence des pré-conditions d’une effective révolution démocratique (Lire la suite)

lundi 8 décembre 2008

« Marx, historien de l’histoire politique de la France moderne : Marx et la surpolitisation de la révolution » par Jean-Claude Bourdin

L’intérêt de lire les textes historiques de Marx : ils permettent de saisir sur le vif le travail d’un penseur : 1/ qui a une théorie de l’histoire (dite matérialisme historique, « MH ») qu’il dit avoir tirée de l’examen de l’histoire effective (Geschichte), comprise comme lutte de classes ; 2/ qui prétend pouvoir tirer de la théorie des leçons ou des règles pour l’action révolutionnaire et, au-delà, pour la compréhension du déroulement (des tâches) de l’histoire à venir ; 3/ et qui, confronté à l’histoire qui se déroule sous ses yeux, doit rendre compte de la singularité des événements, en exploitant les ressources de sa théorie et en étant contraint d’inventer des catégories et des concepts nouveaux.
Marx a écrit des textes de genre très différent (articles, ouvrages, correspondance) sur son actualité politique. Il ne pouvait pas ne pas essayer de comprendre cette actualité en fonction de ses responsabilités de militant révolutionnaire et, inséparablement, comme théoricien de l’histoire. Je me limiterai aux Luttes de classes en France (1850) et au 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852) pour rester dans le cadre de l’histoire de France. Mais il faudrait étudier les très nombreux articles écrits pour des journaux ainsi que les lettres qui parlent de la colonisation britannique de l’Inde, de la guerre entre la Russie et l’Angleterre en Afghanistan, de la guerre civile nord américaine, de l’évolution de l’économie mondiale, etc. (Lire la suite)

samedi 6 décembre 2008

dernière livraison de la revue « contreTemps » en ligne


Que faire face à la crise ?

Comment comprendre la crise économique actuelle ? Quelles sont les alternatives du côté de la gauche anticapitaliste et du mouvement social ? Nous avons organisé une table ronde avec les économistes Frédéric Lordon et Michel Husson, le syndicaliste Pierre Khalfa de Solidaires et François Sabado de la LCR. A lire, visionner ou podcaster.

Également disponibles à titre gracieux :
* Deux chapitres du dernier ouvrage de Frédéric Lordon, Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières (Paris: Éd. Raisons d'agir, 2008) :
le ch. 1, « Concurrence et cupidité, les ingrédients de l'aveuglement » et le ch. 3« La chute appelle la chute » (téléchargement ici)
* Trois chapitres du dernier ouvrage de Michel Husson, Un pur capitalisme (Lausanne : Éd. page 2, 2008) : le ch. 1 « La hausse tendancielle du taux d'exploitation » ; le ch. 11, « La crédibilité du programme » et le ch. 15, « Marx et le capitalisme contemporain » (téléchargement ici)

jeudi 4 décembre 2008

« Marxisme et religion : Antonio Gramsci » par Michael Löwy

Contrairement à Troeltsch et Mannheim, Antonio Gramsci (1891-1937) n'était pas un universitaire. Fondateur du Parti communiste italien (1921), il a écrit la plupart de ses travaux dans la clandestinité ou dans la prison, et ses réflexions étaient toujours inspirées par son engagement politique révolutionnaire. Ses recherches les plus importantes se trouvent consignées dans des Cahiers manuscrits, rédigées dans les prisons du régime fasciste italien, où il resta enfermé de 1927 jusqu'à sa mort en 1937. Esprit inquiet et hétérodoxe, Gramsci va renouveler la théorie marxiste, aussi bien du point de vue philosophique que politique. Passionnément opposé aux interprétations positivistes, scientistes ou déterministes du matérialisme historique, aussi bien dans la social-démocratie (Enrico Ferri, Filippo Turati) que dans le mouvement communiste (Boukharine), il va proposer une interprétation éthique et volontariste du marxisme, en s'appuyant, dans ses écrits de jeunesse, sur Sorel et Bergson, et dans ses écrits postérieurs, sur la tradition historiciste italienne. (Lire la suite)

lundi 1 décembre 2008

« L’ontologie chez Heidegger et chez Lukács : phénoménologie et dialectique » par Nicolas Tertulian

La vaste littérature critique sur Heidegger et sur la place de choix que son « ontologie fondamentale » et sa pensée de l’Être occupent dans la philosophie du siècle n’enregistre jusqu’à présent aucune confrontation avec l’entreprise symétrique de Georg Lukács de situer l’ontologie au centre de la problématique philosophique, en édifiant à partir de Marx une théorie de l’être social ancrée dans une pensée de l’être et de ses catégories. Non seulement les heideggériens ont ignoré les derniers grands ouvrages de Lukács, l’Esthétique et l’Ontologie de l’être social, mais les nombreux interprètes parfois très critiques de l’œuvre heideggérienne ont préféré garder le silence sur les œuvres du dernier Lukács, en se privant ainsi de la possibilité de découvrir ce qu’il faut bel et bien désigner comme l’antipode de l’« ontologie phénoménologique » et de la Seynsphilosophie heideggérienne. Or une telle confrontation serait féconde. Confronter, par exemple, l’être-dans-le-monde heideggérien avec le réalisme ontologique de Lukács, la conception éminemment dialectique de la relation sujet-objet du second avec la présomption heideggérienne d’avoir bouleversé la dualité sujet-objet et d’avoir institué une pensée radicalement nouvelle de la « subjectivité du sujet » permet de mesurer la portée des analyses ontologiques de Lukács, ainsi que leur efficacité dans la déconstruction de la pensée heideggérienne. Une lecture croisée des textes de Lukács et de Heidegger, mais aussi de ceux d’Ernst Bloch ou de Nicolaï Hartmann, n’a rien de surprenant, si on tient compte qu’au-delà des clivages et des antagonismes, des incontestables similitudes de problématique existent entre des penseurs qui se sont proposé chacun d’élaborer une ontologie dans les condi-tions spécifiques du XXe siècle. Il nous semble évident, par exemple, que la volonté de circonscrire la spécificité de l’humanitas de l’homo humanus, le niveau ontologique singulier qui définit l’existence humaine par rapport à d’autres types d’existence, traverse comme un axe central la réflexion de Lukács aussi bien que celle de Heidegger. Peut-on établir, par conséquent, une proximité quelconque entre le « monde » lukácsien (la Welthaftigkeit, dont il parle dans son Esthétique, ou le « monde » de la quotidienneté, dont nous entretient le chapitre sur l’idéologie de son Ontologie) et le « monde » heideggérien, dont il faut rappeler qu’il est un Existenzial, une caractéristique consubstantielle au Dasein, à la réalité-humaine ? Choisissons comme terrain de comparaison entre les différentes ontologies la relation sujet-objet et le concept de « monde ». Heidegger, on le sait, refuse à la question de l’autonomie ontologique du monde extérieur une quelconque portée philosophique, en affirmant expressis verbis que le surgissement d’un monde n’est possible qu’avec l’émergence du Dasein (de la réalité-humaine), l’existant en-soi (das Seiende) étant par lui-même a-mondain (ou weltlos, sans monde). Le syntagme heideggérien « die Welt weltet », ou « es weltet » (le monde se mondanéise) implique la co-présence d’un sujet, l’être-subsistant (das Vorhandene) restant figé par son a-subjectivité dans une inertie d’extériorité (selon l’expression de Sartre). Lukács, en revanche, fait de l’autonomie ontologique du monde extérieur un pilier de sa réflexion, en soulignant constamment que sans la prise en compte du das Ansichseiende (de l’être-en-soi), de l’autonomie et de la consistance objective du réel, au-delà de toute ingérence de la subjectivité, on ne peut pas comprendre la genèse de la praxis humaine. (Lire la suite…)

vendredi 28 novembre 2008

Karl Marx & Friedrich Engels, Textes et correspondance autour de la Commune


Dès avant la guerre franco-allemande de 1870, Marx et Engels échangent toute une correspondance sur les événements d’Europe, qui se poursuit pendant les combats, le siège de Paris et la Commune. Ce livre présente ces lettres peu connues, avec les textes célèbres autour de la Commune, dont l’Adresse à l’Internationale du 30 mai 1871, souvent appelée La Guerre civile en France. Cet ensemble poursuit le travail de Marx entrepris vingt ans plus tôt avec Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte et Les Luttes de classes en France. On voit s’y élaborer les thèmes de l’État moderne, des guerres nationales, du bonapartisme, de la république, de la démocratie, de la transfiguration des classes sociales dans leur représentation politique. L’impératif de solidarité envers les insurgés parisiens n’interdit jamais la lucidité et la critique devant l’écheveau de contradictions, les hésitations ou les inconséquences des acteurs, la tragédie du trop tôt ou trop tard.
Que Marx soit autre chose qu’un théoricien de l’économie, que chez lui « l’action politique ne se réduit jamais à la plate traduction d’une logique historique », c’est le sujet principal du texte de Daniel Bensaïd, Politiques de Marx. À l’opposé d’un Marx figé dans le déterminisme, ce qui se passe dans ces textes, ce n’est « pas une mécanique du progrès, ni l’accomplissement d’un destin, mais une histoire où l’événement, les individus, les caractères ont toute leur place, où le possible n’est pas moins réel que le réel (…) Une histoire profane, sans prédestination divine ni garantie scientifique. Une histoire stratégique, qui se joue dans le conflit, aux points de bifurcation ». Un passionnant dossier sur la Commune, qui « a anticipé en actes sur le possible et l’impossible, de sorte que même ses projets et décisions inapplicables gardent un sens profond ».

mercredi 26 novembre 2008

Programme du séminaire 2009 de la Grande édition Marx-Engels

Dans la continuité de la journée d'étude du 28 mai 2008 sur les traductions et diffusions des œuvres de Marx et Engels, ce séminaire de la Grande édition Marx Engels (GEME), en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri, l'Université de Bourgogne et l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, propose de poursuivre au travers de plusieurs séances des approches croisées d'historiens et philosophes.

L'histoire des usages et de la réception constitue le premier axe de ce séminaire qui présentera des recherches nouvelles sur l'histoire des éditeurs français de Marx et Engels à la fin du XIXe siècle. La confrontation avec les théoriciens et les acteurs de leur temps (Feuerbach) et les grandes secousses du siècle (les révolutions de 1848) constituent un autre angle d'étude qui intégrera les renouvellements historiographiques en cours. Enfin, la dernière séance offrira une ouverture sur l'international avec l'histoire de la réception méconnue du marxisme dans le socialisme espagnol avant 1914. Lors de cette séance seront présentés des textes inédits de Marx sur l'Espagne du XIXe siècle que l'édition en langue originale, la MEGA, vient d'établir. Programme 2009 du séminaire au format PDF (affiche A3)

lundi 24 novembre 2008

« La longue patience du peuple : adresse au lecteur » par Sophie Wahnich


Diderot dans Jacques le fataliste interpelle régulièrement son lecteur pour le louer, le moquer ou lui expliquer son projet littéraire. Il répond à ses questions supposées, à ses désirs contrariés, à ses a priori imaginés. Le maître et le lecteur sont alors logés à la même enseigne et lorsque Diderot décrit le maître questionnant Jacques, il décrit son lecteur imaginaire. « Il était homme - homme passionné comme vous lecteur, homme curieux comme vous lecteur ; homme questionneur comme vous lecteur ; homme importun comme vous lecteur.- Et pourquoi questionnait-il ? - Belle question ! Il questionnait pour apprendre et pour redire comme vous lecteur... » (Lire la suite…)

samedi 22 novembre 2008

« 1789 ou les fictions contradictoires de l’universel » par Emmanuel Barot

Dans la Critique du droit politique hégélien (1843), Marx présente la démocratie comme le couronnement de l’histoire politique, entendue comme histoire de la liberté : la démocratie est le moment historique où le sujet-demos s’objective et s’accomplit, où l’homme comme être générique (demos) parvient à l’État par son objectivation constitutionnelle. Plus encore, l’avènement de la démocratie est exactement l’avènement de la politique contre les règnes de l’usurpation : c’est « l’énigme résolue de toutes les constitutions » , la temporalité du processus étant pour Marx celle d’une création continuée, coïncidence en permanence à conquérir entre le « sujet » et son œuvre. La révolution juridique de mai-juin 1789 semble stricto sensu incarner cette « auto-constitution » « continuée » du peuple comme sujet. (Lire la suite…)

jeudi 20 novembre 2008

« Marx, le marxisme et les historiens de la Révolution française au XXe siècle » par Julien Louvrier

L'auteur adopte une démarche résolument diachronique. Partant des analyses de Marx lui-même sur la Révolution française, il montre combien les écrits de Marx, souvent associé à Engels sur la question, sont toujours précisément contextualisés et liés à la recherche de compréhension du moment présent. C'est l’Histoire socialiste de Jean Jaurès qui, la première, donne une lecture globale des événements révolutionnaires qui prend appui sur la grille d'interprétation proposée par Marx. Une forme de banalisation de cette lecture se fait ensuite à travers le développement de l'histoire économique et sociale par des historiens qui, sans lire beaucoup Marx, gardent de sa pensée l'idée de l'importance déterminante des réalités économiques. Dans le contexte de la Guerre froide, cette interprétation « sociale » de la Révolution est vigoureusement attaquée et condamnée comme expression d'un marxisme réducteur. La remise en cause débouche sur des lectures qui privilégient le politique, mais s'ouvrent à nouveau depuis quelques années à des recherches qui posent la question des appartenances sociales. (Lire la suite)

mardi 18 novembre 2008

« Histoire et engagement : avec Claude Mazauric »

Cahiers d’histoire : revue d’histoire critique.
2008, n° 104, 224 p.


Dossier

Histoire et engagement : avec Claude Mazauric. Entretiens avec Julien Louvrier (lire l’article de Pascal Dupuy dans L’Humanité du 9 septembre 2008)

Débats
Essor et déclin du paradigme marxiste/nationaliste de gauche dans le Moyen-Orient arabe, Joël Beinin, Université de Stanford, Université américaine du Caire

Un certain regard
Apocalyto de Mel Gibson (D. Monciaud) ; Raison d’État de Robert de Niro (D. Monciaud)

Livres lus
L’histoire (du Moyen-Âge) est un sport de combat... de Joseph Morsel avec la collaboration de Christine Ducourtieux (A. Destemberg) ; Aristote au Mont Saint-Michel de Sylvain Gougenheim (B. Dufal) ; 1907, les mutins de la République. La révolte du Midi viticole de Rémy Pech, Jules Maurin (R. Huard) ; La cité du sang. Les bouchers de La Villette contre Dreyfus d’Éric Fournier (V. Chambarlhac) ; Réviser le marxisme ? D’Édouard Bernstein à Albert Thomas, 1896-1914, d’Emmanuel Jousse (V. Chambarlhac) ; Réformer l’islam ? Une introduction aux débats contemporains d’Abdou Filali-Ansary (D. Monciaud) ; Dictionnaire de la colonisation française sous la dir. Claude Liauzu (S. Jahan)
(Pour s’abonner)

lundi 17 novembre 2008

« La mondialisation capitaliste & sa philosophie en France » par André Tosel


Comment comprendre la mondialisation qui est désormais le référent de toute pensée responsable? S'agit-il d'un événement sans précédent qui contraint à repenser l'espace et le temps de l'action humaine et la construction de notre monde ? Est-elle plutôt une nouvelle période dans l'histoire de l'économie-monde régi par le mode de production capitaliste qui se reproduit ainsi selon son impératif systémique, mais sous des formes nouvelles ? Quelles sont ces formes économiques, sociales, politiques, culturelles ? Comment penser le rapport entre l'hégémonie exercée par la direction stratégique des entreprises transnationales et les réformes du procès de travail par la nouvelle technologie sociale des communications ? Quelles sont les conséquences de la financiarisation d'une économie qui fait de la force de travail internationalisée non pas tant un salariat qu'un précariat ? Que faire de la production d'un apartheid mondial qui transforme des masses d'hommes en humanité superflue ? (Lire la suite)


André Tosel, Un monde en abîme : essai sur la mondialisation capitaliste. Paris : Kimé, 2008.- 346 p.

samedi 15 novembre 2008

« La conception marxiste de l’histoire » par Eric J. Hobsbawn

Cent ans après la mort de Marx, nous sommes réunis ici pour discuter des thèmes et des problèmes relatifs à la conception marxiste de l'histoire. Ce n'est pas un rituel de célébration d'un centenaire, mais il est important de commencer en nous rappelant le rôle unique de Marx dans le domaine de l'historiographie. Je le ferai simplement, à l'aide de trois exemples. Le premier est autobiographique.
Dans les années 1930, lorsque j'étais étudiant à Cambridge, nombre de jeunes hommes et femmes, parmi les plus doués, rejoignirent le parti communiste. C'était une époque très brillante pour cette université qui ne l'est pas moins, et beaucoup d'entre eux furent profondément influencés par les grands noms dont nous recueillions l'enseignement. Une plaisanterie avait cours parmi les jeunes communistes : les philosophes communistes étaient wittgensteiniens, les économistes communistes étaient keynésiens, les étudiants communistes en littérature étaient disciples de F. R. Leavis. Et les historiens ? (Lire la suite)

jeudi 13 novembre 2008

Hal Draper : « Les deux âmes du socialisme. Quel socialisme pour le 21e siècle ? »

En 1966, lorsque Hal Draper met la main à la dernière version de son essai, le monde paraît divisé en deux blocs, l'un capitaliste, l'autre « socialiste » ou, selon l'auteur, « collectiviste bureaucratique ». Pourtant, 68 n'est pas loin. Le mouvement étudiant américain vient de connaître sa première épreuve de force d'envergure, à Berkeley, en 1964, avec le {Free Speech Movement} et se mobilise contre la guerre du Vietnam. Le socialisme fait à nouveau l'objet de discussions passionnées, interpellé par les luttes de libération du tiers-monde, et, aux États-Unis par l'émergence radicale du mouvement pour les droits civiques des Noirs. Enfin, le nouveau mouvement des femmes pointe le nez, pleinement en
phase avec cette nouvelle radicalité. Pour Hal Draper, le moment est venu de faire connaître largement sa conception du socialisme. Pour cela, il propose une généalogie du socialisme moderne à partir de deux filiations opposées : le socialisme « par en haut » et le socialisme « par en bas ». Il se situe sans ambiguïté dans la seconde tradition. Aujourd'hui, une nouvelle génération se lève pour contester radicalement la logique inhumaine du capitalisme mondialisé, au nom d'un autre monde est possible. Le socialisme par en bas de Draper peut il encore lui servir de référent ? Nous avons demandé à plusieurs intellectuels engagés dans les mobilisations de ces dernières années de reprendre Les deux âmes du socialisme et d'en proposer une lecture critique. Ce livre, inédit en français, devrait intéresser celles et ceux pour qui le socialisme représente encore un espoir au 21e siècle, mais qui ressentent le besoin de débattre des échecs et de ses reniements qui jalonnent son histoire.
L'essai de Draper vise en particulier à mettre en valeur l'héritage auto-émancipateur du socialisme, qu'il oppose à ses traditions autoritaires. Il devrait donc toucher tout particulièrement les nouvelles générations militantes, qui portent aujourd'hui le mouvement contre la mondialisation libérale, lui inspirent sa radicalité, ses structures participatives et ses formes de mobilisation, en recourant notamment à l'action directe non violente.

Hal Draper, Les deux âmes du socialisme. Quel socialisme pour le 21e siècle ? Edition présentée par Jean Batou. Commentaires de Michael Albert, Alain Bihr, Diane Lamoureux, Catherine Samary & Murray Smith. Paris : Syllepse, 2008.- (« Utopie critique »)

mercredi 12 novembre 2008

Remise du prix de l'Union rationaliste 2008

Université Paris 1-Panthéon Sorbonne
Amphithéâtre Turgot

L’Union rationaliste
& le Centre d’histoire des systèmes de pensée moderne (CHSPM)

vous invitent à la remise du prix de l’Union rationaliste qui honorera

Lucien Sève
Philosophe, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique

Le mardi 18 novembre 2008 à 18 heures


Interviendront

Hélène Langevin-Joliot, Présidente de l’Union rationaliste

Axel Kahn, Président de l’Université Paris-V René Descartes, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique

Isabelle Garo, philosophe, Présidente de l’association pour la « Grande édition des œuvres de Marx et d’Engels en français »

Lucien Sève

Entrée : 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris

Union rationaliste, 14 rue de l’Ecole Polytechnique, 75005 Paris
tél. 01 46 33 03 50 | courriel : union.rationaliste@wanadoo.fr


lundi 10 novembre 2008

« La parabole de la gauche : la fin de l’utopie ? » par Luciano Canfora

On peut viser la République de Platon, mais aboutir au gouvernement des « Trente ». Le jour venu, cependant, les êtres humains de chair et d’os se libèrent, prononçant sur eux un verdict sans appel. Ce qui fait le désespoir des réformateurs sociaux, y compris des plus radicaux, à savoir les révolutionnaires, c’est que la réalité humaine concrète ne soit pas réductible à leur analyse, que les sujets concrets soient plus ou moins réfractaires aux « expériences » tentées sur leur dos. Il existe à ce propos toute une littérature de la désillusion, quand elle ne succombe pas au cynisme – l’exemple le plus célèbre étant peut-être la comédie d’Aristophane, L’Assemblée des femmes. Par ailleurs, prendre acte, clairement et irrévocablement, de cette irréductibilité nourrit un immobilisme désespérant. (Lire la suite)

Parmi les ouvrages de Luciano Canfora traduits en français dont les thèmes se rapportent à son intervention à la séance du séminaire du 15 novembre 2008 , signalons notamment :




vendredi 7 novembre 2008

Des contradictions des sociétés dites socialistes aux débats sur d’autres « modèles » par Catherine Samary

Le statut autogestionnaire, reconnaissant à chaque être humain des droits et revenus de base associés à une appropriation collective des grands moyens de production est au cœur d’une remise en cause du rapport salarial. Celui-ci doit être aboli en tant que rapport de domination, qu’il se situe dans le cadre du capitalisme ou d’un État se proclamant socialiste. Mais cela ne signifie ni la fin des revenus monétaires, ni la rigidité des emplois ; encore moins la remise en cause d’une mutualisation des risques et des droits que le salariat a conquis, de façon précaire, contre le capitalisme et que le socialisme peut garantir. (Lire la suite)

À lire : Stathis Kouvélakis (dir.), Y a-t-il une vie après le capitalisme ? Pantin : Le temps des cerises, 2008.– 308 p.

mercredi 5 novembre 2008

Annonce de séminaire

ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES

Histoire de la pensée allemande
(XIX- XXe siècles)

Directeur d’études : Nicolas Tertulian


Les fondements ontologiques
de l’éthique & de l’esthétique



Les séances ont lieu les 2e et 4e lundis du mois à 17 h
(54, boulevard Raspail, Paris VIe, salle 507)


Les trois premières séances
(10 novembre, 24 novembre et 8 décembre 2008) porteront sur :
« Les ontologies de Heidegger et de Lukács : une confrontation »
(Nicolas Tertulian)

Lundi 12 janvier 2009 : « La catégorie du particulier
dans la pensée de Lukács »
(Pierre Rusch)

Lundi 26 janvier 2009 : « La pensée ontologique et esthétique
de Roman Ingarden »
(Edward Swiderski [Fribourg, Suisse])

affiche du séminaire


samedi 1 novembre 2008

Débat sur « Le Capital » de Marx par Antoine Artous et Tran Hai Hac

Il peut paraître fastidieux, répétitif de vouloir aujourd’hui relire Le Capital de Marx, une des œuvres les plus commentées depuis plus d’un siècle. Mais il faut bien voir que l’affaire n’a rien d’académique et qu’autour des interprétations du Capital se jouent beaucoup de choses, et plus précisément l’analyse du capitalisme et le statut de la critique de l’économie politique. Les défenseurs de l’ordre capitaliste existant ont essayé de rabattre l’œuvre marxienne vers une théorie économique au sens le plus habituel du terme, suivi en cela par beaucoup de marxistes qui ont ainsi enlevé à Marx une grande partie de sa charge théorique subversive et des aperçus nouveaux qu’il donne sur le travail intellectuel. C’est pourquoi, il faut poursuivre avec attention, les tentatives actuelles de dépoussiérage de la critique de l’économie politique effectuées ces derniers temps… (Lire la suite)

mercredi 29 octobre 2008

« Nietzsche, le rebelle aristocrate » par Domenico Losurdo

« Nouvel esclavage », « anéantissement des races décadentes », « anéantissement de millions de ratés » : ces mots d’ordre effrayants, formulés de manière séduisante sous la plume de Nietzsche, ont longtemps été interprétés comme autant de métaphores. La reconstruction historique de Domenico Losurdo montre au contraire qu’il s’agit de la radicalisation de tendances bien présentes dans l’Occident de la seconde moitié du XIXe siècle : aboli aux États-Unis en 1865, l’esclavage prend des formes nouvelles dans les colonies ; les indiens d’Amérique et les « indigènes » sont décimés ou exterminés ; l’eugénisme se répand et l’on exige la stérilisation forcée des « non aptes ». À partir de la Commune de Paris, Nietzsche prône des mesures énergiques contre les « esclaves » rebelles et appelle à en finir avec non seulement le socialisme, mais aussi la démocratie et l’idée même de progrès, à laquelle il oppose le mythe de l’« éternel retour » : les esclaves doivent se résigner, leur condition doit rester intangible… (lire la suite)

samedi 25 octobre 2008

« Althusser et le mystère de la rencontre » par Daniel Bensaïd

Pathétique au plan personnel comme au plan théorique, la trajectoire de Louis Althusser témoigne des turbulences d’une époque. Suspect d’avoir cédé naguère à la tyrannie des structures, il apparaît, dans ses textes posthumes, comme un penseur du « matérialisme souterrain de la rencontre ». Mineur de fond et sapeur du génie, ce dernier Althusser se rebiffe contre la fermeture du futur et l’extinction de l’espérance… (Lire la suite)

vendredi 24 octobre 2008

« Marx & l’histoire : textes inédits » par Eric Hobsbawn,

RIEN N’AIGUISE L’ESPRIT COMME LA DEFAITE. Dans ces textes inédits, Eric Hobsbawm partage sa passion pour l’histoire. Il se souvient, alors qu’il était jeune juif autrichien, des titres des journaux le jour où Hitler est devenu chancelier. Avec modestie, il avoue avoir consacré sa vie à une cause qui manifestement a échoué : le communisme initié par la révolution d’octobre. Mais rien n’aiguise l’esprit de l’historien comme la défaite.

Comme aucun autre historien contemporain, Eric Hobsbawm explique pourquoi et comment le matérialisme de Marx s’est imposé au cœur de la démarche des historiens. Il oppose l’approche de Levi-Strauss et celle de Marx. Il nous éclaire sur la curieuse histoire de l’Europe, l’histoire populaire, la révolution russe et la montée de la barbarie contemporaine. Entre la quête de l’universel et celle de l’identité, il nous met en garde contre les mensonges et les mythologies.

mardi 21 octobre 2008

Sur Lucien Goldmann par Michael Löwy

Lucien Goldmann (1913-1970) est un des plus importants représentants du courant humaniste et historiciste du marxisme au XXe siècle. Ses travaux de philosophie et sociologie de la culture - notamment Le Dieu caché (1955), étude novatrice de la vision tragique du monde chez Pascal et Racine - sont fortement marqués par l’influence du Lukács de Histoire et conscience de classe et s’opposent radicalement aux lectures positivistes ou structuralistes du marxisme. Juif roumain établi en France depuis les années 1930, Goldmann se réclamait d’un socialisme autogestionnaire, critique aussi bien de la social-démocratie que du stalinisme. Tandis qu’aux USA et en Amérique Latine sa pensée et son œuvre continuent à susciter un très vif intérêt, un étrange oubli semble l’avoir enseveli en France. Il est vrai qu’il s’agit d’une sociologie en rupture totale avec la tradition dominante des sciences sociales françaises, qui va d’Auguste Comte à Claude Levi-Strauss et Louis Althusser, en passant par Émile Durkheim. Mais, d’autre part, par sa ré-interprétation de Pascal, elle n’est pas moins héritière d’un courant dissident de la culture française moderne (Lire la suite)

samedi 18 octobre 2008

Sur Anthony Giddens par Claude Leneveu

Anthony Giddens est l’un des penseurs et sociologues contemporains qui, avec Norbert Elias, Pierre Bourdieu, Jürgen Habermas et Roy Bhaskar, pour ne citer que les plus connus, récuse le dualisme société/individu, contrainte/action, structu-re/pratique et propose de le dépasser, en lui substituant ce qu’il appelle la « dualité du structurel ». Giddens considère, en effet, que ces différents couples conceptuels dichotomiques, sont, dans leur homologie, plus particulièrement au principe de la division, puissamment marquée dans le monde anglo-saxon, de l’espace disciplinaire de la sociologie entre sociologies interprétatives (interactionnisme, phénoménologie, ethnométhodologie...) et sociologies structurelles (structuro-fonctionnalisme, fonctionnalisme, marxisme structuraliste...), si l’on veut suivre ici la terminologie avancée par Giddens… (Lire la suite)

Incipit

Bienvenue sur le blog du séminaire Marx au XXIe siècle : l’esprit & la lettre. Il vient en complément du site, présenter ses publications qui s'organisent en plusieurs rubriques (Figures, thématiques et notes critiques/compte-rendus) où des textes sont à votre disposition et librement téléchargeables.